Aires piétonnes, zones de rencontre et zones 30 : un pas pour comprendre…

Après de longs mois de réflexion et d’aménagements, la Ville de Colmar a mis en place de nouvelles « zones de circulation apaisée », visant à assurer une cohabitation sécurisée entre piétons et véhicules motorisés.

Zones 30 et zones de rencontre ont ainsi récemment vu le jour ces derniers mois (dernièrement le quartier délimité par les rues du Ladhof, Ampère et Billing), toujours dans un souci de cohérence et d’homogénéisation des zones de circulation sur l’ensemble de la ville. Rappelons que les panneaux de signalisation se trouvent en entrée de zone, et peuvent concerner plusieurs rues dans une même zone.

Ces zones, nous en connaissons les noms. Mais en termes de réglementation, quelles sont concrètement les différences entre aires piétonnes, zones de rencontre et zones 30 ? Le point colmarien fait… le point sur leurs implications et objectifs respectifs.

 

Les « zones de circulation apaisée » : mixité fonctionnelle et cohabitation sécurisée des usagers

Les « zones de circulation apaisée » regroupent en réalité trois catégories de zones réglementées : aires piétonnes, zones de rencontre et zones 30, toutes ayant pour objectif commun de sécuriser la circulation des piétons et cyclistes tout en permettant celle de véhicules motorisés.

Se trouvent en particulier – et tout naturellement – concernés les alentours des écoles, les secteurs touristiques, les rues commerçantes, les places de marché, etc.

Mais ce sont en fait tous les espaces publics nécessitant de privilégier les activités liées à l’habitat qui sont susceptibles de faire l’objet de ce type de réglementation : faire ses courses, se rencontrer, prendre les transports en commun, accéder aux écoles, etc., tout cela représentant environ 80 % de la voirie !

Aires piétonnes, zones de rencontre et zones 30 : quelles différences ?

Si l’aire piétonne, la zone de rencontre et la zone 30 cherchent toutes à favoriser les déplacements « en modes doux » ainsi que les autres usages de la rue en réduisant la vitesse des véhicules, leurs différences sont à chercher dans le niveau de confort accordé aux piétons et vélos.

Zones de circulation à Colmar

L’aire piétonne

Celle qui, du point de vue des piétons et des personnes à mobilité réduite, remporte la palme pour une agréable déambulation, est sans conteste l’aire piétonne !

Espace public intégralement dédié aux déplacements à pied et à l’animation urbaine, elle leur offre la priorité absolue sur les autres usagers. La présence de véhicules motorisés n’y est tolérée qu’à titre exceptionnel et sur autorisation… autorisation qui ne peut toutefois concerner que ceux impliqués dans la desserte de l’espace concerné : véhicules de livraison, riverains, services à la personne, etc.

Si l’arrêt y est possible, le stationnement reste interdit. Sauf dispositions différentes prises par le maire, les cyclistes peuvent y circuler… en respectant, comme les autres véhicules, l’allure du pas : il en va par exemple ainsi dans la rue des Clefs à Colmar.

Ayant pour but de favoriser l’appropriation des lieux par les usagers piétons, ces aires sont traitées de manière à offrir des espaces décloisonnés, généralement sans chaussée distincte. Se devant toutefois de tenir compte de l’accès autorisé à certains véhicules, elles conservent des points de repère suggérant certains cheminements (changement de matériaux, alignement de plantations ou de mobilier, etc.).

La zone de rencontre

Peut-être moins connue que l’aire piétonne ou la zone 30, la zone de rencontre est ouverte à tous les modes de circulation, mais les piétons y restent prioritaires.

Elle n’existe, en France, que depuis 2008, contre 1990 pour la zone 30 et… 1970 pour le premier « secteur piétonnier », à La Rochelle. Les piétons peuvent donc y circuler sur toute la largeur de la voirie et y cohabitent ainsi avec des véhicules motorisés limités à 20 km/h.

L’objectif ? Des activités urbaines favorisées et une mixité des usages dans une sorte de convivialité entre automobilistes, motards, piétons, personnes à mobilité réduite et cyclistes. Ces derniers y profitent d’ailleurs, le plus souvent, d’un double sens de circulation. Quant au stationnement des véhicules, il est limité à certains emplacements matérialisés.

Du point de vue de l’aménagement, le challenge est de taille : il s’agit bien sûr d’inciter les piétons à investir toute la largeur de la voirie en jouant notamment sur la végétation et le mobilier urbain, tout en faisant subsister des repères visuels entre les espaces circulables et ceux pleinement réservés aux piétons.

On mise alors sur les différences de niveau, sur les revêtements… et l’on évite surtout de donner l’impression d’un couloir réservé aux voitures ! À Colmar, le centre-ville historique (hors aires piétonnes) et certaines voies aménagées sous forme de cours urbaines ou placettes ont désormais ce statut.

Précision réglementaire importante : dans ces zones, le stationnement est interdit en dehors des emplacements matérialisés. L’objectif étant de mettre le moins de signalisation verticale possible, aucun panneau ne rappelle cette interdiction.

Circulation apaisée et régimes de priorité

Dans ces zones, la priorité à droite (qui est la règle de base de gestion des priorités entre véhicules) est privilégiée, d’autant qu’elle participe à la réduction des vitesses.

Après contrôle des conditions de visibilité, les intersections qui disposent actuellement d’un autre régime de priorité dans ces zones sont progressivement modifiées.

Pour plus de sécurité, des panneaux temporaires sont installés en amont des carrefours concernés pour alerter les usagers de ces changements.

La zone 30

Si la zone 30 cherche, comme la zone de rencontre et l’aire piétonne, à améliorer le confort et la sécurité de l’ensemble des usagers, elle n’offre aux piétons aucune priorité : la règlementation à leur égard restee que sur les voiries à 50 km/h

Les véhicules motorisés étant quant à eux contraints de ne pas dépasser les 30 km/h, les piétons peuvent traverser la chaussée dans de bonnes conditions de sécurité, même en l’absence de passages dédiés. L’autre avantage de la zone 30 se situe côté cyclistes : ceux-ci sont davantage en sécurité y compris s’ils doivent se déplacer sans bandes ou pistes cyclables.

Depuis juillet 2010, ce type de zone doit par ailleurs leur offrir la possibilité d’une circulation à double sens sur toutes les voies (sauf dispositions contraires prises par le maire). Ne nécessitant pas d’aménagement lourd, la zone 30 a vocation à être mise en place dans de multiples lieux : voies de quartiers, traversées d’agglomérations, secteurs scolaires, etc.

À Colmar désormais, et après plusieurs mois d’études et de travaux, le déploiement de ces zones de circulation apaisée a été généralisé sur l’ensemble de la ville, l’objectif étant de rendre cohérentes et homogènes les limitations de vitesse en fonction de l’usage des voies de circulation :

  • Axes principaux et voies de transit : 50 km/h
  • Voies de desserte : 30 km/h
  • Centre historique, cours urbaines et placettes : 20 km/h
Edition #261 - Août 2018