Synagogue sans âge…

Petite histoire d’un haut lieu de la spiritualité colmarienne, inauguré il y a 175 ans cette année…

175 ans pour cette synagogue… mais la communauté israélite de Colmar n’en était pas, alors, à son premier lieu de culte ! Mentionnée dans les textes dès le 13e siècle, elle se réunissait notamment, au Moyen Âge et sous l’Ancien Régime, dans un bâtiment situé dans l’actuelle rue Berthe Molly, puis à l’emplacement de l’école Jean-Jacques Rousseau.

Auparavant à Wintzenheim, le siège du consistoire israélite du Haut-Rhin est transféré, en 1823, dans notre ville… transfert qui donne de l’entrain au développement de la communauté juive de Colmar. De 500 personnes au début du 19e siècle, elle dépasse le millier vers 1865 ! Mais c’est dès 1810 qu’est avancée l’idée de la construction d’une synagogue.

Les travaux débutent en 1838 pour s’achever cinq ans plus tard, rue de la cigogne. Accompagnés des pouvoirs publics et d’une foule de curieux, ceux-ci se pressent le jour de l’inauguration, le 15 septembre 1843. Le bâtiment force en effet l’admiration.

Son côté ouest est pourvu d’un avant-corps de style néo-classique paré d’éléments inspirés de l’Antiquité : porte en plein-cintre, pilastres et fronton triangulaire… Détail singulier : ce dernier est surmonté d’un petit clocheton, élément traditionnellement rattaché aux édifices chrétiens.

Après déjà deux restaurations (1885 et 1913), son intérieur est entièrement détruit sous l’occupation nazie, la synagogue étant alors transformée en salle de vente puis en arsenal. À la Libération – pendant le réaménagement de l’édifice – les fidèles célèbrent provisoirement le culte au Koïfhus et dans un bâtiment de la rue des Artisans.

En 1947, le grand rabbin Fuks propose la création d’une maison communautaire, qui voit effectivement le jour en 1961. En juillet 1984, la synagogue est inscrite au titre des monuments historiques. Le centenaire du bâtiment n’ayant pu être célébré en 1943, c’est avec ferveur qu’est fêté, en novembre 1993, son 150e anniversaire…