La collégiale Saint-Martin : toute une histoire…
Une haute silhouette de grès aux couleurs nuancées et aux fins ornements se dresse en plein cœur de la ville… La collégiale Saint-Martin – c’est elle ! – a profité, depuis son inscription au titre des Monuments historiques en 1840, de plusieurs campagnes de restauration lui ayant redonné toute sa jeunesse. Un « lifting » bien mérité pour cette vieille dame qui a su devenir, au fil des siècles, l’un des symboles de la ville… Retour sur son histoire.
Brûlantes constructions !
L’histoire architecturale de la collégiale Saint-Martin se confond en partie avec celle des deux incendies qui l’assaillent, l’un au début du XIIe siècle, l’autre en 1572.
Le premier s’attaque à une église originelle datée du XIe siècle, dont des fouilles archéologiques montrent l’existence dans les années 1970. Le bâtiment, qui occupe le site de l’actuelle collégiale, est alors remplacé par une basilique de style roman.
Mais en 1234 est fondé, à Colmar, un chapitre de chanoines (collège de clercs). C’est alors que commence l’édification de l’église actuelle, dite église collégiale. Les travaux devaient durer plus de 100 ans, pour ne s’achever que vers 1365. Et encore… la tour Nord prévue initialement manque toujours !
La conception de l’ensemble est attribuée à deux architectes principaux : Maître Humbret, qui en édifie transept et nef, auquel succède Guillaume de Marbourg, à qui l’on doit notamment son chœur.
La collégiale leur survit en l’état pendant près de 200 ans. Mais en mai 1572, un second incendie survient sur le site, détruisant une partie de la charpente et le sommet de la tour. À l’issue de trois ans de reconstruction, cette dernière se voit couronnée de son toit en forme de bulbe, surmonté par un lanternon, qui confère à la collégiale le profil si particulier que nous lui connaissons...
De sacrés décorateurs d’intérieurs !
Si la collégiale est l’une des plus grandes églises gothiques du Haut-Rhin, ses dimensions ne sont pas seules à avoir été soignées : à l’intérieur s’y déploient bientôt de remarquables peintures murales et de non moins admirables sculptures !
Jusqu’en 1973, elle compte ainsi, parmi ces œuvres, la fameuse Vierge au buisson de roses (1473) de Martin Schongauer, aujourd’hui transférée à l’église des Dominicains. On y trouve aussi, jusqu’à l’ouverture du musée Unterlinden en 1853, la Résurrection : un panneau de bois peint en 1465 par Gaspard Isenmann (mort en 1484) pour le retable du maître-autel.
Depuis 1770, la collégiale abrite en outre un orgue fabriqué par le célèbre facteur strasbourgeois Jean André Silbermann…
Collégiale ou cathédrale ?
Si la « collégiale Saint-Martin » est aujourd’hui souvent appelée « cathédrale Saint-Martin », c’est que l’Histoire est passée par là... transformant Colmar (alors chef-lieu) en siège de l’évêché constitutionnel du Haut-Rhin durant la période révolutionnaire. C’est ainsi qu’entre 1790 et 1807, un évêque s’installe à Saint-Martin qui, de fait, devient une cathédrale !
Le Concordat, signé en juillet 1801 entre le gouvernement de la République française et le pape, met fin à l’église constitutionnelle. Saint-Martin redevient dès lors une collégiale sans toutefois perdre son statut de cathédrale aux yeux des Colmariens…