Début de carrière
1852 - 1870
Naissance d’un statuaire de talent et affirmation d’un artiste engagé
Sa carrière artistique s’est très vite imposée à Bartholdi. Dès le début des années 1850, il réalise des sculptures sur commande et expose, sans toutefois attirer immédiatement l’attention. C’est pour la Ville de Colmar qu’il s’attelle en 1852 (il a 18 ans) à sa première œuvre d’envergure avec la statue du Général Rapp.
Celle-ci ne sera inaugurée qu’en août 1856. Le jeune artiste revient alors tout juste d’un périple de huit mois en Egypte, Nubie et Arabie. A bien des égards, ce voyage a profondément marqué la vie et l’art d’Auguste Bartholdi. C’est notamment là qu’il a puisé l’inspiration à l’origine de la Statue de la Liberté.
En attendant l’opportunité qui lui permettra de se lancer dans sa grande œuvre, il se concentre beaucoup sur la statuaire publique, discipline dans laquelle il se forge peu à peu une belle renommée. En 1859, par exemple, il conçoit une fontaine pour la ville de Bordeaux qui sera finalement réalisée 30 ans plus tard pour la ville de Lyon. Elle en deviendra même un des emblèmes puisqu’il s’agit de la fontaine de la place des Terreaux. Il travaille toujours pour Colmar où il réalise la fontaine Bruat à l’entrée Sud de la ville en 1864. Dans la foulée, il apprend sa nomination au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur. Il a 30 ans… A la fin des années 1860, il réalise le Vercingétorix qui fait encore de nos jours la gloire de Clermont-Ferrand (la statue ne sera érigée qu’en 1902).
Au fil des années et des rencontres, Auguste Bartholdi mûrit et manifeste un attachement de plus en plus enthousiaste aux valeurs libérales, républicaines et humanistes qui s’affirment alors peu à peu en France. Non dénué de sens mondain, il compte parmi ses fréquentations de nombreux penseurs et décideurs libéraux : Victor Hugo, Charles de Rémusat, Edouard de Laboulaye… Son art porte déjà la marque de ses convictions, même si ses plus belles réalisations restent à venir.
Auguste Bartholdi est aussi féru de culture allemande. Dans ce contexte, on comprend que pour lui, la guerre de 1870 provoque un séisme à la fois dévastateur et révélateur. Voulant à tout prix participer à la défense de son pays, l’artiste s’engage tout d’abord dans la garde républicaine à Colmar. Il rejoint ensuite l’armée des Vosges comme aide de camp de Garibaldi, le héros de l’unification italienne, venu assister la jeune République française. Mais la situation est désespérée : la France capitule en janvier 1871. L’abandon consécutif de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine finit d’abattre Auguste Bartholdi.
Cette épreuve lui permet néanmoins de consolider ses relations dans les plus hautes sphères de la IIIe République. Surtout, elle lui donne l’élan décisif qui va lui permettre de réaliser son chef-œuvre.
Des liens inextricables
Auguste Bartholdi n’a jamais cessé de venir à Colmar.
D’une part, son attachement à sa ville natale était réel. Même après l’annexion de 1871, il a continué à réaliser de nombreuses œuvres pour l’espace public ou pour des potentats locaux, qu’il connaissait tous très bien.
D’autre part, sa mère, Charlotte, est revenue s’installer en 1860 dans la maison familiale de la rue des marchands dont une partie a été transformée en appartements de location. Or, les liens qui unissent le fils et la mère sont inextricables, à la limite de la dépendance affective. De tout temps, où qu’ils se trouvent, ils nourrissent une correspondance prolifique qui est aujourd’hui une source abondante d’information sur la vie et la pensée de l’artiste. Même si elle n’est pas toujours riche : lorsqu’il n’avait pas le temps d’écrire à sa mère, Bartholdi se contentait parfois de lui envoyer une simple feuille de papier ornée de sa signature !
Charlotte Bartholdi s’éteint à Paris le 25 octobre 1891 : une étape particulièrement douloureuse pour son fils.